Clocks & Clouds, aux éditions Le Pas du Trem, 60 pages, 40E
Une édition limitée avec un tirage original de l’auteur est disponible (120 E)
(contact : jcbechet@gmail.com)
L’horlogerie et la photographie, voilà deux arts qui possèdent de nombreux points communs. Leur rapport direct au temps, d’abord, avec pour les deux, la maîtrise des centièmes de seconde et des instants décisifs pour créer, in fine, des oeuvres intemporelles. Leur nouveau statut dans le monde numérique les réunit aussi : nous n’avons plus besoin d’une montre pour connaître l’heure, ni d’un appareil photo pour capturer des images souvenirs. La montre est devenue un objet de plaisir, concret, tangible, fascinant par sa mécanique de précision. Quant à la photographie, son rôle n’est plus de témoigner du réel, mais d’en proposer une évocation artistique riche en questionnements et en poésie.
Derrière ces analogies, se joue aussi un étrange dialogue où cohabitent, parfois difficilement, parfois harmonieusement, la science et l’art, la connaissance technique et la tentation esthétique. D’un côté la rigueur mathématique et les lois de la mécanique. De l’autre, l’envie de liberté et le besoin d’improvisation, de hasard, de surprises. C’est cette dualité que j’ai voulu mettre en évidence en m’appuyant sur la théorie musicale du compositeur György Ligeti (1923-2006). Pour Ligeti, l’action musicale passe par un processus de dissolution des “horloges” en “nuages” puis de condensation et de matérialisation des “nuages” en “horloges”. Dans ce double mouvement créatif, les horloges symbolisent la performance technologique et les nuages représentent la part nécessaire de poésie, d’inspiration intuitive et fulgurante, qui permet de contrecarrer le seul pouvoir de la technique.
Réunir les Clocks et les Clouds, les faire jouer ensemble, tel est le pari de ce travail où j’associe des photographies de mécanique horlogère en noir & blanc et des paysages couleur de l’Arc jurassien, en France comme en Suisse. Ainsi se confrontent un univers métallique aux formes saillantes et coupantes et des collines vertes, calmes et apaisantes. C’est ce dialogue, parfois énigmatique, souvent étrange, mais au final harmonieux, du moins je l’espère, qui s’élabore ici. Avec l’espoir de fondre ces deux réalités parallèles dans un seul et même patrimoine culturel immatériel.